Espagne : avec le confinement, clap de fin pour la corrida ?

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Crédits : iStock / cynoclub

Bonne nouvelle dans un monde paralysé par le Covid-19 : le confinement pourrait bien sonner le glas de la tauromachie dans son pays natal. En tout cas, le débat est (une nouvelle fois) lancé. La saison des corridas devait en effet battre son plein, mais les festivités ont été stoppées net par le confinement. De quoi faire réfléchir… 

La saison des corridas annulée

Tout était prêt : les animaux étaient en chemin, les toreros entraînés et les arènes prêtes à accueillir le public. C’était sans compter sur les mesures de confinement drastiques adoptées par le gouvernement pour endiguer la propagation du coronavirus en Espagne, particulièrement touchée.

Ainsi, de nombreux événements ont dû être annulés, tels que la Feria de Abril à Séville ou le festival de Saint Firmin à Pampelune (juillet). Lors de ces deux événements, des corridas et lâchers de taureaux sont traditionnellement organisés en guise de divertissement. Les arènes Las Ventas de Madrid ont également été fermées. En tout, plus de 200 combats incluant des taureaux ont été supprimés des agendas.

Des conséquences sans précédent

Conséquence directe : les taureaux qui devaient à la base être tués dans les arènes pour assurer le show ont été envoyés directement à l’abattoir, selon les informations fournies par l’agence Reuters. Un répit de courte durée pour eux, donc.

« Le secteur de la tauromachie est – et sera – l’un des plus affectés par la situation dramatique que nous sommes en train de vivre », a déclaré le matador Cayetano Rivera. Si les personnes travaillant dans ce milieu déplorent la situation et les pertes économiques qu’elle implique, tout le monde ne voit pas le verre à moitié vide.

Malgré le déconfinement, la reprise de la saison des corridas avant le mois d’octobre est loin d’être assurée. De quoi ravir les opposant·e·s à la tauromachie « […] parce que tous les taureaux ne vont pas être torturés à mort – bien que nous savons qu’ils vont mourir de toute manière en étant envoyés à l’abattoir. Personne ne pourra tirer profit de ce spectacle de torture, selon les mots d’Aida Gascon de l’association AnimaNaturalis.

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Crédits : caropat/Pixabay

Le débat est plus que jamais lancé

Et quand bien même ces « spectacles » auraient eu lieu, les observations sont unanimes : depuis quelques années, la tauromachie fait de moins en moins d’adeptes, notamment en termes de spectateurs. De plus, les fonds alloués à cette pratique sont de plus en plus faibles, et les politiciens se prononcent de plus en plus en sa défaveur (particulièrement ceux de gauche).

La demande d’aide financière au gouvernement de la part de différents professionnels du milieu n’est donc pas passée inaperçue. Pour l’Union des éleveurs, les pertes ont été estimées à environ 77 millions d’euros si toute la saison venait à être annulée. Selon leur raisonnement, il est donc logique de les aider au même titre que des secteurs comme ceux du tourisme et de la restauration.

L’opportunité de supprimer la corrida

La réaction des anti-corridas ne s’est pas faite attendre. Une pétition en ligne a pour le moment récolté plus de 100 000 signatures afin d’empêcher que les éleveurs, matadors et autres maillons de la chaîne de ce secteur puissent avoir des aides de l’État.

« Les fonds publics ne devraient pas servir à promouvoir et payer pour des spectacles basés sur la maltraitance et les mauvais traitements d’animaux », affirme Aida Gascon.

Pour les défenseurs des animaux, cette période est plus que jamais l’occasion de reléguer la corrida et autres ferias au passé. L’avenir nous dira si l’Espagne a su saisir cette curieuse opportunité.

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Écrit par Marine, journaliste animalière

La richesse du monde animalier est telle qu'il y a de quoi s'inspirer au quotidien ! Sensible à la préservation de la biodiversité, je m'intéresse également de près aux actualités dans ce domaine. C'est donc un plaisir de partager avec vous de jolies histoires, de faire découvrir des espèces peu connues ou encore de distiller quelques astuces.